Traitement d’hiver contre les Varroas avec de l’acide Oxalique.
C’est un des fléaux, ci ce n’est le fléau, qui décime nos abeilles.
Le Varroa est un acarien qui parasite les abeilles, en utilisant leur cycle de reproduction pour sa propre reproduction et qui se nourrit en perforant leur chitine aux interstices des plaques de leur abdomen. Vous trouverez sur ce site une description de leur morphologie.
Nos abeilles, contrairement aux abeilles asiatiques, ne savent pas se défendre en s’épouillant les unes les autres. Des sélections sont réalisées pour essayer d’obtenir ce comportement. En attendant, le varroa est capable de détruire une ruche en une saison, il faut obligatoirement aider les abeilles à survivre (même si elles existaient bien avant nous et ont toutes les chances de nous survivre).
Sachant qu’il est impossible d’éradiquer le varroa, et de plus qu’il n’est pas question de traiter une ruche pendant la période de production de miel, le calcul est simple, il faut limiter le nombre de parasite en début de saison, pour que nos ruches survivent.
L’acide oxalique fait partie, avec le thymol et l’acide formique, des traitements ‘naturels’.
Le traitement l’Apivar (ou un autre mais ayant une AMM) doit être effectué immédiatement après la production de miel, nous l’avons réalisé début septembre. Le traitement à l’acide oxalique doit être réalisé alors qu’il n’y a pas de couvain car il n’est pas actif à travers les opercules des alvéoles de couvain qui peuvent renfermer des varroas.
D’autre part, il doit être réalisé lorsque la température extérieur est supérieure à 5°.
Cette année 2010, décembre a été particulièrement froid, ce qui a stoppé la ponte, mais il a fallu attendre le redoux de la 2eme semaine de janvier 2011, pour que la température remonte assez. Ce qui a permis de faire une première visite depuis l’hivernage fin septembre.
Dans un rucher qui a été dérangé par des travaux de terrassement, plus de la moitié des ruches sont mortes. Elles sont pillées par les autres colonies. Les débris sur le fond de ruche, sont des abeilles mortes et des bouts d’opercule, des réserves de miel et de pollen laissés par les pillardes.
Ce ne sont pas les varroas qui ont décimé ces colonies, la mortalité de ce rucher n’est pas du tout représentative, nous avons visité des ruchers de 40 ruches, avec une seule colonie morte. Ce rucher a reçu les mêmes traitements, il est bien exposé, la seule explication semble être les travaux. Les vibrations, le bruit ont peut être dérangé les abeilles, en les forçant à sortir malgré le froid. Une colonie affaiblie n’arrive pas à se protéger du froid ou des pillages. Conclusion, l’hiver les ruches ne doivent pas être dérangées, la sanction est immédiate.
L’acide oxalique se trouve à l’état naturel dans de nombreuses plantes (oseille, rhubarbe, betterave). Mais celui que nous utilisons pour ce traitement est fabriqué industriellement. Vous pouvez trouver plus d’information sur sa fabrication, son utilisation depuis le XVIII siècle, sur Wikipédia. Vous pouvez voir sur ce site, les résultats d’essais en 1999/2000 et il précise la concentration de produit actif.
Le principe de ce traitement n’est pas encore bien connu, mais les abeilles sont plus résistantes que le Varroa à l’acide oxalique. L’acide Oxalique traverse la chitine des insectes, les varroas sont décimés soit par contact direct, soit pas ingestion lorsqu’ils se nourrissent sur une abeille. Deux méthodes peuvent être utilisées, soit par pulvérisation directe des abeilles, soit en mélange avec du sirop de sucre entre les cadres (dégouttement).
C’est cette méthode que nous utilisons, parce que bien mieux accepté par les abeilles à basse température et plus facile à mettre en œuvre.
La préparation du sirop.
Il faut préparé un sirop à 50% (50% eau +50% sucre en poudre), en faisant chauffer l’eau pour dissoudre le sucre. Mélanger et laisser refroidir à 40/35°. Nous utilisons une concentration de 35grs, c’est à dire qu’il faut rajouter 35grs d’acide oxalique par litre de sirop tiède. Faites attention, c’est un produit dangereux par inhalation et par contact, il faut prendre toute les précautions, car il s’agit d’une poudre très fine, qui à tendance à faire de la poussière. Le mieux est de le faire dans un endroit aéré mais sans vent non plus, ne cherchons pas l’accident. Gants et lunette sont préconisés pour faire l’opération et lavage immédiat en cas de contact. Ce n’est pas non plus très compliqué, ni dangereux. Le plus facile et plus sûr pour acheter de l’acide oxalique de qualité pharmaceutique est d’adhérer au GDSA (Groupement d’aide sanitaire apicole) de votre département.
Le traitement se fait par dégouttement , c’est à dire que l’on va distribuer 5 ml de sirop tiède 30/35° entre chaque cadre contenant des abeilles, 2 x5ml sur les cadres où se trouve la grappe d’abeilles. Entre 5 et 10 fois 5ml, soit un maximum de 50ml pour une ruche très populeuse.
Attention, le sirop tiède est obligatoire pour éviter de refroidir la grappe d’abeilles, de plus l’acide peut recristalliser et les abeilles ne l’ingéreront pas. La saison n’est pas idéale pour ouvrir une ruche, alors il y a tout intérêt à faire cela par une belle journée avec une température supérieur à 5°.
Pour distribuer le sirop, vous pouvez utiliser une grosse seringue. J’utilise une seringue à traitement pour les brebis. Il est constitué d’une poche de 3 litres qui se met dans le dos comme un sac à dos. Au début je le mettais sous mon manteau pour le tenir au chaud. Mais une petite catastrophe m’a poussé à trouver une autre solution (cf plus bas). L’appareil est équipé d’une seringue à dosage automatique et réglable. Cela permet de traiter plus de 40 ruches, ce qui est très pratique et permet de faire plusieurs ruchers .
Il faut tout faire pour que le sirop ne refroidisse pas trop, j’utilise une glacière dans laquelle j’ai installé une ancienne alimentation de PC, je n’ai conserver que la boite et le ventilateur et j’ai récupéré une vielle résistance de dégivrage d’un frigo de camping, placée dans la boite. Elle fonctionne en 12V. Cela me permet de brancher l’ensemble sur une pris allume-cigare. La température est maintenue autour de 35/40°. La seringue de traitement, le tuyau de 1,5m et la poche sont à cette température. Je sort la seringue juste temps du traitement, elle reste chaude. Cela me permet de faire des traitements loin de chez moi, sans danger pour les abeilles.
Un rucher sans aucune perte avec des colonies très fortes, c’est bon signe pour la saison à venir.
Après avoir effectué le traitement chez mon ami apiculteur, il m’a prêté son matériel pour que je m’occupe de ma ruche. Imaginez que je suis parti un peu fier, et vraiment pressé d’aller voir comment se portent mes abeilles.
Mes abeilles sont en pleine forme, je ne sais pas si elles ont commencé à construire les cadres cirés que j’ai rajouté, mais l’essaim que m’a vendu Stephen est magnifique. J’ai donné 5 fois 5ml de sirop et j’ai vite refermé la ruche. Je reviendrai dans quelques temps, rajouter un 10eme cadre, pour remplacer le faux cadre que j’avais placer pour finir de remplir et isoler. J’ai bien vu que cela n’avait pas une grande utilité, même si cela ne gène pas, les essaims de Stephen sont sur 6 cadres dans une ruche de 10 et se portent vraiment bien.
Pour conclure, une semaine après, mes abeilles étaient en pleine activité (voir Du pollen en hiver)., ce qui prouve que le traitement ne les affecte pas trop. Je vais contrôler les varroas tombés sur le fond de ruche amovible que j’ai laissé pour ça.
Contrôles et résultats
Le 30 janvier 2011, temps d’hiver, les abeilles ne sortent pas ces jours ci. Je plaque mon oreille contre l’arrière de la ruche, le bourdonnement est facilement audible, j’ai l’assurance que tout va bien. je retire le plaque isolante du fond Nicot pour contrôler les varroas.
Je n’ai pas réussi à compter le exact de varroas, mais j’ai estimé qu’il y en avait plus de 250, voir 300 sur le fond. Ce chiffre parait énorme, mais il est la preuve que le traitement est très efficaces, et on a du mal à imaginer, vu la rapidité de reproduction, ce que serait l’état de la ruche en fin de saison.
Remarques: Il s’agit d’un article de 2010 mais reste d’actualité, j’utilise toujours, en 2022, ce traitement sans perte d’efficacité. Je l’ai mis à jour, à l’époque je traité avec du Thymol et je ne faisais pas parti du GDSA.
Références:
Si vous souhaitez approfondir le sujet, vous pouvez aller faire un tour sur ces sites: